d’ici là #11 : "Au commencement était le verbe, à la fin le monde sans fin".

vendredi 13 février 2015

Le onzième (et dernier) numéro de la revue d’ici là est consacré au langage :

« Au commencement était le verbe, à la fin le monde sans fin ».

Ulysse, James Joyce

Sommaire du numéro :

Les auteurs :
Corinne Lovera Vitali, Cy Twombly, Bruno Fern, André Tarkovski, Franck Queyraud, Agathe Lippa, Samuel Beckett, Christophe Petchanatz (Klimperei), Isabelle Pariente-Butterlin, Claude Chambard, Cody Rocko, Akuma Aizawa, Isabelle Voisin, Martial Verdier, Aurore Soares, Patrick Joust, Eric Dubois, Françoise Gérard, Pierre-Yves Freund, Jérémy Taleyson, Daniel Cabanis, Thierry Fontaine, Christine Jeanney, Florence Noël, Mel Bochner, Sol LeWitt, April Gertler, Catherine Barsics, Agathe Lippa, Josée Marcotte, Adriana Gheorghe, Nicolas Tardy, Arnaud Maïsetti, Kenneth Anger.

Bande son d’ici là #11 :

Gilles Weinzaepflen : Au commencement était le verbe

Christophe Petchanatz (Klimperei) : un esprit sain / margolins / porous set / ombre au tableau

ana nb / Ebi Meisel (naabtaldeath) : La langue du brouillard

36 auteurs / 100 pages

Direction artistique : Pierre Ménard

PDF principal (99 Mo) avec l’ensemble des textes, photographies et documents, ainsi qu’une bande son au format mp3 (29 minutes / 70 Mo) à télécharger séparément. Version ePub (521 Mo) avec la bande son : Gratuit sur Publie.net.


Extrait de la revue :

La fin des choses, d’Arnaud Maïsetti

« Je crois très sincèrement que le théâtre est un art qui finit, tranquillement. […] 
Or c’est peut-être dans ces moments-là qu’on produit les choses les plus belles. »

Koltès

la mélancolie des soleils couchants ; la force de ne pas s’en tenir là ; les fins de siècles à chaque tournant ; la couleur de la mer quand de la nuit partout pourrait l’entourer ; les initiales d’un nom qui s’efface sur la tombe ; les herbes qui poussent le long des voies abandonnées et jusqu’ici, dans l’intérieur de la gare qui ne verra plus jamais de train ; les contours d’un corps qui s’efface ; les paroles d’un mourant qui ne sont que des crachats et qu’on recueille ; les pleurs dans le sommeil ; les derniers mots d’un livre peut-être ; la cicatrice sur un visage effleurée dès l’enfance et qui en sera le signe ; les terminaisons de l’être où sont toutes les énergies qui le rendent possible ; les bas-fonds de certaines villes où s’inventent toutes les lois de l’amour ; les secrets ; les serments ; les lettres qu’on n’enverra pas parce que ; et les pactes qui les lient entre elles ; les statues et la pierre qui tombe parfois ; les blancheurs dans la page au milieu d’un poème qui sont sa force ; les noirceurs dans les rues de Montréal quand seul tu rentres, mais où ; les vagues sur le désert de Mazourga quand tu cherches le nom des étoiles ; les ombres près de l’Alhambra de Grenade et que la nuit tombe miraculeusement auprès de nous ; les mosquées dans les églises jusqu’à se perdre ; les férocités vaines des enfants qui s’épuisent ; les merveilles tombées dans l’océan faute de mieux ; les paroles des acteurs quand ils entrent en scène et laissent derrière eux quelque chose de leur corps pour endosser la vie qui n’en est pas ; le premier noir de lumière qui suit le film dans la salle de cinéma ; les premières lèvres déposées sur soi ; le premier corps qu’on allonge contre son corps qui sera le dernier corps aussi à être le premier, à être le dernier ; les mots de l’homme penché sur la première sépulture, et ce qu’il jeta à côté du corps, des bijoux taillés dans la pierre, des animaux morts aussi, et des larmes sous la pluie ; le silence qui précède Mozart, celui qui appartient à tous, sauf à lui ; la foule qui lève le poing place de la Bastille en mai 2012 au milieu de la colère ; le souffle de Jules Vallès Boulevard Saint-Michel un soir ; le souffle de Jules Vallès ailleurs, le matin même ; la prière de Rimbaud tourné contre Dieu, à Marseille, ce jour de novembre précisément où j’ai pensé à lui ; la beauté des vingt ans qu’on aura encore ; les livres qu’on ne sait pas pouvoir écrire ; le regard de Kafka sur la couverture des récits posthumes dans l’édition de Catherine Billmann ; le baiser de Rodin posé sur mon bureau ; la dernière page de nos agendas ; le lundi le mardi le mercredi le jeudi le vendredi le samedi le dimanche : un de ceux-là en tous cas : et qu’on connaît déjà le jour de notre mort, mais qu’on ne peut rien y faire sauf à vivre les autres jours ; le règne des fins ; le premier mot du prêtre après la confession ; le visage du type qui écrira la prochaine mélodie ; le son des archets tout le long de la dernière portée ; le dernier mot de mon père ; les derniers visages de mon frère ; le premier mot de mon fils qui n’est pas né ; son prénom qui n’existe pas ; le squelette de mes mains, et la poussière de mon front, le nom de la terre qui repose autour de cela : le lieu qui existe déjà sans doute et m’attend ; le bruit qu’un arbre fait en tombant ; le bruit du ciel quand il s’effacera dans le feu des premières comètes ; le silence sur Vénus ; le labyrinthe d’Orphée ; les gestes de Robespierre quand on lui arrache le foulard sous la mâchoire fracassée ; ceux de Saint-Just, au fond, qui ne pleure plus ; d’ici là ; la fin des choses ; la beauté évanouie des commencements ; la beauté infiniment possible des désirs de recommencer ; la beauté de ce qui ne cessera pas ; les défaites qui n’ont pas dit leur dernier mot ; les mots pour le dire — tout cela qui n’en finit pas de finir et n’aura pas de fin,


Voir en ligne : Revue d’ici là #11

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