Virginie Gautier et Michel Longuet dans d’ici là
jeudi 5 juin 2014
Tous les numéros de la revue d’ici là à 1,99€ du 4 au 30 juin

Dans le cadre de la promotion sur les numéros de la revue d’ici là, proposés à 1,99€ sur publie.net, du 4 au 30 juin, nous sommes heureux de vous proposer ces différents numéros de la revue en mettant tour à tour l’accent sur un extrait, un portfolio d’images, tout en vous présentant son auteur.
Le deuxième numéro de la revue d’ici là est consacré à l’empreinte :
Mystérieux travail d’un écart qui s’imprime.
« C’est l’écart devant lequel peut se penser la ressemblance en général, lorsque la ressemblance vient à produire de l’inassimilable. C’est l’écart devant lequel peut se penser le contact en général, lorsque le contact vient à produire de la distance. Tous ces paradoxes sont ceux de l’empreinte, en effet : formes et contre-formes ajointées dans le mystérieux travail d’un écart qui s’imprime. »
Georges Didi-Huberman
Aujourd’hui, voici le texte de Virginie Gautier et la promenade urbaine dessinée de Michel Longuet qui ont participé à ce deuxième numéro de la revue.
C’est comme battre le bitume faire les cent pas chercher son rythme frapper au sol
quelque chose à réveiller sur l’uniformément lisse.
Un signe une griffure du bout de l’ongle le moindre dessin où s’introduire.
Dans l’espacement un silence en vaut bien un autre sauf à faire résonner le son
qui le précède.
Ne veut pas finir.
Suspendu entre les lèvres, un entrebâillement, même infime.
Avant de repartir vers d’autres quantités, livrées en bloc, dans le désordre de
configurations plus ou moins sombres ou claires ou chavirées de lumière.
Des particules compactes soudées grain à grain dans la masse, impossible à
rompre, des fractions, morceaux épars en collision, bout à bout ou devant derrière.
Les angles définitifs, les lignes d’achèvement, les fossés que ne soulage aucune
absence de matière au contraire, des intervalles pleins à craquer
et la démultiplication des faces à revers.
Toutes choses ensemble, bougeant sur elles-mêmes en une réserve inépuisable de
débattements et d’amplitudes, des changements de sens, de direction jusqu’à
l’absurde, l’absurde continuité des choses précipitées ou encastrées
ou ayant glissé l’une sur l’autre, colmatées.
C’est comme dans la matière brute s’enfoncer des échardes
écrire avec les pointes minuscules en ponctuation.
Des phrases solides clouées à distance ou bien épinglées trop légères sur un fil.
Corps flottants le monde comme un tissu qu’on écarte glisser derrière.
Mais ça ne suffisait pas il fallait venir se plaquer au sol, dos contre terre de
préférence, pour continuer à regarder ce mystérieux écart entre les pas leur façon
d’ouvrir et de refermer l’espace.
Et les mots qu’on maltraite c’est comme battre le bitume faire les cent pas chercher
son rythme frapper au sol quelque chose à réveiller.
Un signe une griffure le moindre dessin où s’introduire.
Dans l’espacement un silence en vaut bien un autre sauf à ouvrir une brèche dans
l’ordre assemblé des masses par où, tremble ou bascule ou se fend, quelque chose
commence à être.
Sommaire du numéro 2 :
Justine Abittan et Caroline Delieutraz (Les K.Kliniques), Giney Ayme, Laetitia Benat, Sereine Berlottier, Léa Bismuth, Daniel Bourrion, Michel Brosseau, Martin Bruneau, Thierry Brunet, Claude Chambard, Denis Colin, Anne Collongues, Liza Corsillo, Pierre Coutelle, Etienne de Bary, Hélène Delprat, Caroline Diaz, Ed Fella, Michel Falempin, Claude Favre, Anne-Marie Garat, Virginie Gautier, Fred Griot, Laurent Herrou, Simon Høgsberg, Perrine Kuhn, Muriel Leray, Michel Longuet, François Matton, Philippe Maurel, Matthieu Mével, Carol Novack, jeanpierre paringaux, François Rannou, Hung Rannou, Caroline Sagot-Duvauroux, Anne Savelli, Joachim Séné, Lucien Suel, Eva Truffaut, Benoît Vincent.
41 auteurs / 120 pages
Virginie Gautier est née en 1969, vit à Montreuil-sous-Bois. Virginie Gautier étudie aux Beaux-Arts puis mène un travail artistique en réalisant des sculptures, photographies, vidéos, et des œuvres in situ dans le paysage. Elle développe une pratique autour des questions d’espace, de perception et de déplacement, qu’elle poursuit aujourd’hui en écrivant. Elle enseigne les Arts Plastiques en Seine-Saint-Denis. Virginie Gautier a fait paraître Les zones ignorées aux éditions Le Clou de fer et sur le site d’édition numérique Publie.net, une version de ce récit intitulée Les sédiments, ainsi que des textes pour les numéros 2 et 8 de la revue d’ici là. Son site : Le Carnet des départs.
Né en 1945, Michel Longuet a commencé vers l’âge de quinze ans un journal qu’il a poursuivi jusqu’en 1968 et dont l’essentiel a été détruit. Devenu dessinateur, il collabore à la revue Minuit, travaille pour Télérama, réalise des courts métrages d’animation. La mort de son père en 1982 provoque l’arrêt du dessin, et c’est la rencontre d’un psychanalyste qui lui permet de dépasser ce blocage et de retrouver goût au dessin. La tenue, à compter de 1993, d’un journal illustré marque ce retour au dessin. De 1993 à 2008, cinquante-cinq cahiers couverture "carton à dessin" ont été remplis. Suivant une suggestion de Philippe Lejeune, il décide de mettre en ligne certaines feuilles extraites de son journal. Depuis début 2000, les internautes peuvent aller se promener sur son site internet.
Voir en ligne : La revue d’ici là n°2