Charles Pennequin et Jasper James dans d’ici là n°8

mardi 17 juin 2014

Tous les numéros de la revue d’ici là à 1,99€ du 4 au 30 juin

Dans le cadre de la promotion sur les numéros de la revue d’ici là, proposés à 1,99€ sur publie.net, du 4 au 30 juin, nous sommes heureux de vous proposer ces différents numéros de la revue en mettant tour à tour l’accent sur un extrait, un portfolio d’images, tout en vous présentant son auteur.

Le septième numéro de la revue d’ici là est consacré à la ville : La forme d’une ville, hélas ! change plus vite que le cœur d’un mortel !

La forme d’une ville, hélas ! change plus vite que le cœur d’un mortel, est un vers célèbre des Tableaux parisiens de Charles Baudelaire. Julien Gracq et Jacques Roubaud ont écrit deux variations autour de ce vers, le premier dans La forme d’une ville (José Corti), et le second dans La forme d’une ville, hélas, change plus vite que le cœur des humains (Gallimard).

Aujourd’hui, la ville avec les silhouettes urbaines de l’américain Jasper James, et le texte de Charles Pennequin, dans ce huitième numéro de la revue :

j’habite cette ville, c’est presque une ville comme les autres, une ville où on vous dit ça va, et on répond ça va, et ça va pas plus loin, une ville où on se dit ça va et les autres ils
disent ça va, mais est-ce que ça va, ça y va dans la ville, comme dans tout plein d’autres villes, ça on en sait rien si ça y va, on sait pas si ça va même y retourner, si l’autre se
retourne, qu’il dise ça va, mais on sait pas vraiment, tout le monde se fout de tout le monde, et les gens ont pas le temps, ils ont juste le temps de se foutre de nous, c’est-à-dire de tout le monde, et puis on en fait partie, on fait masse, on est aussi dans le foutage de gueule généralisé, on fait ce qu’on peut, on fait partie des gens, avec nos envies réfrénées, sinon c’est pas sociable, on fait semblant de s’aimer, alors qu’on se déteste cordialement, et tout le monde le sait, tout le monde sait ça en vrac, mais le jour où tu dis ça va pas y a un vieux blanc, faut pas le faire trop souvent, sinon c’est
le bide assuré, faut faire semblant d’aimer, faut faire aller, ça va ça va, être un peu dans l’amitié, mais l’amitié l’amitié, les gens changent aussi, ça va ça vient l’amitié, toi tu changes aussi, tu dis ça va mais c’est pas le même ça va, il a changé le ça va, la vie avance et c’est pas acquis, rien n’est acquis, le ça va non plus, le bonjour ça va de l’autre, il change et le mien aussi, et pourtant il se répète, on peut faire vingt ça va d’un coup, vingt ça va d’une traite, ou pendant vingt ans, tu dis ça va vingt ans de rang, et un jour c’est plus le même, ou alors dans une journée y a vingt ça va, mais pas un n’est le même, c’est des ça va qui varient, qui font monter la sauce, la température, la moutarde te monte au nez, à un moment donné tu vas dire ça va plus, et ça va pas la tête, elle est partie, depuis des lustres, pas de nouvelles, bonnes nouvelles, après ça ira mieux, ça peut pas aller pire, et puis après il faut partir, on se répète on se répète, tous les jours les ça va qui nous viennent, avec des lendemains peu sûrs, mais c’est les mots qui sont peu sûrs, tout d’un coup l’intention change, le ça va change de ton, on change de disque, c’est encore la formule, mais dedans quelque chose de pas bon, ça s’appelle l’intention, car les mots ça n’a pas de sens, c’est pour ça que les gens se comprennent pas, car ils se méfient pas, ils ferment pas assez leur gueule les gens, ils ferment pas leur ça va, le ça va continue, jour après jour, il prend le large, jour après jour la grande gueule des ça va, la mauvaise gueule des jours

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Sommaire du numéro :

Bande son :

Gilles Amalvi : Ballade immobile. Voxfazer : La forme d’une ville. Cécile Portier, : Viles paroles, Ville Parole. David Christoffel : Un train pendant six heures. RadioMentale (Eric Pajot) : City Dream’s. Pierre Ménard : Vous êtes ici.

Les auteurs :

Gilles Amalvi, Jacques Ancet, Jan Baetens, Claude Ber, Sereine Berlottier, Guenaël Boutouillet, Daniel Bourrion, Martin Brink, Daniel Cabanis, Nicolas Carras, Cécile Carret, Gwen Catalá, David Christoffel, Sarah Cillaire, David Cousin-Marsy, Jean Christophe Cros, Matthew Cusick, Philippe De Jonckheere, Régine Detambel, Caroline Diaz, Michèle Dujardin, Patrick Froehlich, Virginie Gautier, Jean-Paul Gavard-Perret, Catherine Gfeller, Christophe Grossi, Maryse Hache, Lise Hascoët, Sandra Hinège, Mathilde Huron, Sabine Huynh, Jasper James, Emmanuèle Jawad, Christine Jeanney, David Lespiau, Nolwenn Letanoux, Elsa Liverani, Nadine Manzagol, Laurent Margantin, Pierre Ménard, José Morel Cinq-Mars, Ana nb, Greg Noirot, Jérôme Orsoni, Eric Pajot, Julia Pallone, Isabelle Pariente-Butterlin, Julien Pauthe, Marc Pautrel, Charles Pennequin, Jean Philippe Poli, Cécile Portier, Daniel Pozner, Béatrice Rilos, Laurent Sauerwein, Anne Savelli, Christopher Selac, Joachim Séné, Lucien Suel, Jérémy Taleyson, Mario Urbanet, Benoit Vincent, Voxfazer.

Charles Pennequin est né le 15 novembre 1965 à Cambrai, dans le Nord de la France. À l’heure actuelle, il cherche à comprendre la vie. Charles pennequin écrit un livre pour ça. Si au bout du livre on n’a rien compris, alors il faudra laisser tomber le livre par terre. Peut-être même le livre tombera par terre avant. Peut-être il n’y a rien à comprendre, pas une ligne. Ne lisez pas les lignes pour comprendre la vie. La vôtre de vie, ou la mienne. Souvent on dit ça. On dit : J’ai la vie mienne. Et je comprends rien. Charles Pennequin écrit un livre qui aide à rien comprendre au vivant. Charles Pennequin est vivant. Absolument vivant. C’est-à-dire dans la merde. Publication dans de nombreuses revues. Performances et concerts dans la France entière et un petit peu à côté. Vidéos à l’arrache. Écriture dans les blogs. Dessins sans regarder. Improvisations au dictaphone, au microphone, dans sa voiture, dans certains TGV. Quelques cris le long des deux voies. Petites chansons dans les carnets. Poèmes délabrés en public. Écriture sur les murs. Charles Pennequin écrit depuis qu’il est né.

James Jasper est photographe. Il vit actuellement à Pékin. Au cours des dix dernières années, il a vécu et travaillé à New York, Londres et Pékin, couvrant missions autour du globe pour les plus grands magazines et les clients les plus variés : Ferrari, British Airways, Wrigley, Volvo, Bosch, China Mobile, Marks and Spencer, la Banque de Chine, QQ.Com, Ritz Carlton, le Mandarin Oriental, Mens Journal,Telegraph Magazine, Dwell, Vanity Fair, Monocle.


Voir en ligne : Revue d’ici là n°8

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