Parution de L’Espoir des Spectres chez Publie.net
vendredi 4 octobre 2013, par

L’Espoir des Spectres, vient de paraître aux éditions Publie.net, dans la collection Portfolios dirigée par Arnaud Maïsetti et Jérémy Liron, autour de l’œuvre de la plasticienne Claire Tabouret, présenté par Léa Bismuth.
Un portfolio sur le travail récent (œuvre en perpétuelle mouvance) de Claire Tabouret en écho et regard duquel le texte de Léa Bismuth, auteur, critique, photographe (une lettre écrite entre Paris et l’Amérique, qui voyage dans l’éloignement des visages) qui approche l’art et son écriture comme on affronte un monde intérieur, pour reprendre les mots d’Arnaud Maïsetti sur son site :
« Dans l’adresse, c’est nous même qui sommes dévisagés aussi : une adresse qui fore en nous la question même de ces visages, qui rejoue d’une certaine manière la perception première pour la déplacer. »
La présentation de Jérémy Liron en introduction de L’Espoir des Spectres est une brillante invitation à la découverte des images de l’artiste, leur dialogue avec les mots de Léa Bismuth, réflexion sur la mémoire, les abîmes du temps :« Des paysages, des visages saisis dans leur silence et pourtant comme au bord de se dire. Le deuil que l’on fait de soi-même à chaque instant. »
« C’est une façon de la mémoire : on remonte à soi des morceaux de scènes où l’on se voit jouer, rire à l’objectif, adossé à une barrière ou l’air absent, regardant vaguement au-dedans de soi dans un costume étriqué à la manière du Gilles de Watteau.
Les souvenirs ne sont pas des scènes enregistrées subjectivement par la caméra de nos yeux, mais des images que celui que nous sommes aujourd’hui observe par-dessus l’épaule de celui qu’il était autrefois et qu’il a perdu. Nous sentons bien qu’ici un certain retournement nous regarde. Des paysages, des visages saisis dans leur silence et pourtant comme au bord de se dire. Le deuil que l’on fait de soi-même à chaque instant. Ou plutôt que l’on ne parvient pas à faire, revenant toujours trop tard sur ce mouvement intime qui nous échappe. C’est ce qui hante nos figures.
Ce qu’aura constamment recherché Sebald, regardant « des photographies ou des films documentaires de la guerre », des archives de toutes sortes dans « le silence qui règne sur les ruines », c’est ce « déficit » que lui laisse l’arrière-plan de sa propre vie. Né un an avant la fin de la guerre, il lui semble que c’est de là qu’il vient et que « tombe sur [lui], venu[e] de cette ère d’atrocités [qu’il n’aura] pas vécu[e] une ombre à laquelle [il n’arrivera] jamais à [se] soustraire tout à fait ».
Pareil silence obscur règne sur nos souvenirs. On ne sait jamais tout à fait de quelle fabrique ils sont issus, ce qu’ils écrivent. Ils lèvent à nos regards des armées de personnages comme chaque jour se lève devant nos yeux l’étrangeté de notre nouveau visage.
Il m’a toujours semblé que c’était ce genre de « destins secrets » vers lesquels Claire Tabouret orientait sa peinture. En sondant, dans une grisaille soutenue par des teintes vives (Claire Tabouret peint l’ombre depuis la lumière, à l’inverse de peintres qui partent de l’obscur pour gagner progressivement en clarté), quelque chose comme les rêves de ces spectres. »
Léa Bismuth a participé au deuxième numéro de la revue d’ici là consacré au thème de l’empreinte : Mystérieux travail d’un écart qui s’imprime.
Jérémy Liron était présent dans le n°4 sur le thème de la mémoire : Le palimpseste de la mémoire est indestructible.
Arnaud Maïsetti figure dans le premier numéro sur le quotidien et le troisième numéro sur la musique : La musique savante manque à notre désir.
À l’occasion de la sortie du livre, une lecture est organisée ce samedi 5 octobre, à 18h, à la Galerie Gounod à Paris, où a lieu une exposition des dernières œuvres de Claire Tabouret.
Voir en ligne : L’Espoir des Spectres chez Publie.net